Hikueru, l'atoll où tout a commencé
L'Atoll de HIKUERU
Soucieux de trouver de nouveaux débouchés à la production nacrière destinée surtout à la boutonnerie, mais menacée par la concurrence du bouton en polyester, dès 1956 le Territoire de la Polynésie Française décide de financer, à hauteur de 10 millions de Fcfp, un essai de culture perlière dans l'Atoll de Hikueru. L'expérience débute en août 1961, sous la responsabilité de Jean-Marie Domard, arrivé sur le Territoire en 1957, recruté comme responsable du Service de l'agriculture de l'élevage et de la pêche. De formation vétérinaire, celui-ci expérimente le greffage, mais sans succès. Au terme de discussions difficiles il obtint qu'un greffeur japonais, Churoku Muroi, opérant dans une ferme perlière australienne, la Pearls Proprietary Ltd, dans l'île de Thursday, dans le Queensland, vienne, pendant ses congés, greffer quelques milliers de Nacres, malgré son scepticisme. Les japonais se référaient alors à l'expérience réalisée par Kokichi Mikimoto dans l'île d'Iskigaki où des pintadines, Pinctada Margaritifera acclimatées avaient produits entre 1926 et 1940, 104456 Perles de culture, mais toutes baroques (sans aucun axe de symétrie et non montables en bijouterie). L'expérience entreprise par Domard était capitale car le but était de conclure à la possibilité ou non de la culture sphérique chez la Pinctada Margaritifera Cumingii. En décembre 1963, toutes les pintadines opérées à Hikueru sont récoltées et sur les 276 Perles obtenues soit 33,5% de production (beaucoup de rejets ont lieu pendant la période post-greffe), 235 sont présentées à divers experts japonais, au bureau de la Nippon Pearls, à Tokyo, en mars 1964. Surpris par les couleurs et les qualités des Perles, les experts concluent que "les Perles de Tahiti paraissaient susceptibles d'être promues au rang des bijoux de grande classe". Les "faiseurs de Perles" devront cependant s'armer de beaucoup de patience et attendre encore près de 15 ans avant que la Perle noire ne soit appréciée à sa juste valeur et adoptée par la haute joaillerie.
Article sous la direction de Marcel le Pennec, Docteur d'état en Océanographie Biologique.
Béatrice Brothier, gemmologue passionnée